Millepertuis, une plante au multiple vertus
Une Indication pour traiter les troubles psychosomatiques, les états dépressifs, l'anxiété, l'agitation nerveuse et les troubles digestifs (dyspepsie). Application externe - soigner les contusions, les douleurs musculaires et les brûlures mineures.

Historique du millepertuis

Bien avant notre ère, les Grecs anciens, fondateurs de la médecine occidentale, connaissaient très bien les propriétés du millepertuis pour le traitement des plaies et des blessures, des infections internes et des troubles névralgiques. A partir de la fin du Moyen Âge, son utilisation pour soigner les troubles psychologiques a pris le pas sur les autres usages. On considérait alors le millepertuis comme une plante capable de chasser les « mauvais esprits ». Ses sommités fleuries servaient aussi à traiter la névralgie, l’anxiété, la névrose et la dépression.  Au XVIIIe siècle et jusqu’au milieu du XXe siècle, les médecins éclectiques américains le prescrivaient dans les cas d’hystérie et de troubles psychosomatiques liés à la dépression. En Allemagne, la plante est aujourd’hui considérée comme un antidépresseur et prescrite sur ordonnance médicale. Les herboristes utilisent aussi l’huile de millepertuis pour une foule de maux cutanés : blessures, plaies, ecchymoses, gerçures, érythème fessier, brûlures, etc.

 

Parties utilisées :

sommités fleuries, principalement les fleurs et les jeunes feuilles entourant les inflorescences.

 

Habitat et origine :

originaire d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, la plante est aujourd’hui naturalisée un peu partout, y compris en Afrique, en Asie, en Australie et en Amérique du Nord. C’est une plante vivace dont la floraison, d’un beau jaune vif, atteint un sommet aux environs de la Saint-Jean (24 juin), moment idéal pour récolter les sommités fleuries. À l’état sauvage, on la trouve dans les prairies sèches, les champs, les terrains abandonnés ou négligés, en bordure des chemins, le long des voies ferrées, etc.

En janvier 2009, l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) avait demandé à l’Office des professions du Québec de modifier la classification du millepertuis. Invoquant que la plante peut provoquer des interactions indésirables avec certains médicaments, l’OPQ souhaitait que seuls les pharmaciens soient habilités à en vendre. En avril 2011, au moment de la mise à jour de cette fiche, l’Office des professions nous a précisé que, d’un commun accord avec l’Ordre des pharmaciens, ce dossier a été abandonné.

 

Posologie du millepertuis

La dépression est une maladie qui doit être diagnostiquée selon des critères précis par un professionnel de la santé. Selon le nombre de symptômes et leur gravité, la dépression clinique est qualifiée de légère, modérée ou grave. Quelle que soit son intensité, la dépression nécessite un suivi médical. L’automédication n’est pas recommandée. Extrait normalisé (3 % d’hyperforine ou de 0,2 % à 0,3 % d’hypericine). C’est ce type d’extrait qui a été utilisé au cours des essais cliniques. Prendre 300 mg, 3 fois par jour pour les extraits solides. Des extraits liquides normalisés peuvent aussi être utilisés, s’ils fournissent des quantités équivalentes d’hypericine ou d’hyperforine. Teinture. La concentration varie d’un produit à l’autre : suivre les indications du fabricant. Prévoir 4 semaines avant que les effets se manifestent pleinement.

 

Ménopause

Malgré certains résultats prometteurs, les données actuelles ne permettent pas d’établir un dosage adéquat.

 

Les ingrédients actifs du millepertuis

Les extraits de millepertuis sont le plus souvent standardisés en hypéricine, mais l’hypéricine semble être plutôt un marqueur de la plante, car il n’a pas d’effet antidépresseur. Certains chercheurs pensent que la principale substance active du millepertuis est l’hyperforine1. Elle serait d’ailleurs aussi responsable de la plupart des interactions du millepertuis avec de nombreux médicaments. Les experts commencent aussi à mentionner les flavonoïdes comme ingrédients actifs importants. Le débat est loin d’être clos, car certains chercheurs considèrent que c’est de l’ensemble des composés de la plante que provient l’effet antidépresseur2,3. Voir la section Sur les tablettes, pour les conseils d’achat de notre pharmacien.

 

Les extraits utilisés au cours des études

Des extraits standardisés fabriqués en Europe et offerts sur ordonnance ont été utilisés au cours de la plupart des études sur le millepertuis : Lichtwer LI 160® (0,3 % d’hypéricine), ZE 117® (0,2 % d’hypéricine), WS 5572® (5 % d’hyperforine).

 

Dépression légère à modérée

Les données sur l’efficacité des extraits standardisés de millepertuis sont convaincantes. Plusieurs méta-analyses, dont une mise à jour en 2008, ont conclu que l’extrait de millepertuis est plus efficace qu'un placebo et qu’il l’est autant que les antidépresseurs de synthèse, tout en provoquant moins d'effets indésirables que ces derniers4-6. Les antidépresseurs auxquels on a comparé le millepertuis comprennent aussi bien ceux du type fluoxétine (Prozac®), sertraline (Zoloft®), citalopram (Celexa®) et parotéxine (Paxil®) que les médicaments de type plus ancien comme l'imipramine.

Deux études indiquent que le millepertuis s’est également révélé efficace et sans danger à long terme pour prévenir une rechute. Dans l’une d’elle, qui s’est déroulée à simple insu, 426 participants sujets aux rechutes ont pris un placebo ou 900 mg d’extrait de millepertuis (WS 5570®) durant 26 semaines7. Au cours de l’autre essai, effectué au su (sans placebo), 440 sujets souffrant de dépression légère à modérée ont pris durant 1 an 500 mg d’extrait de millepertuis (Ze 117®)8.

Par ailleurs, les données concluantes continuent de s’accumuler. Par exemple, en Allemagne, on a suivi durant 12 semaines 1 541 patients dépressifs traités avec du millepertuis et supervisés par leur médecin traitant. Le traitement a nettement réduit les symptômes de dépression et a été bien toléré par les participants9. Un extrait de millepertuis (LI160, 600 mg par jour pendant 8 semaines) s’est aussi avéré utile en cas de dépression dite « atypique », selon un autre essai mené en Allemagne auprès de 200 patients10. La dépression atypique se caractérise notamment par des sautes d’humeur, une consommation excessive d’aliments sur une courte période (hyperphagie) et une somnolence durant la journée. 

Cependant, une étude publiée en 2001 rapporte que le millepertuis (810 mg/jour pendant 3 mois), ne présente pas plus d’effets bénéfiques (symptômes dépressifs, qualité de vie) qu’un traitement placebo, et augmente de surcroît le risque d’effets secondaires46.

 

Un début de reconnaissance. 

Aux États-Unis et au Canada, certaines associations de spécialistes de la santé mentale commencent à reconnaître, bien que de façon réservée, l’utilité du millepertuis en cas de dépression légère à modérée11,12. D’autres associations ne partagent cependant pas cet avis13. Quelles que soient leurs conclusions, ces organismes mettent l’accent sur les interactions possibles du millepertuis avec certains médicaments (pour en savoir plus, voir la section Interactions).

 

Dépression grave. 

Les auteurs d’une méta-analyse publiée en avril 2008 ont scruté 29 études. Ils ont conclu que les données sur l’effet du millepertuis en cas de dépression grave étaient insuffisantes pour conclure à son efficacité5 même si certaines des études avaient donné des résultats positifs4,14,15.

 

Et l’anxiété? 

Les données actuelles sont insuffisantes, selon une synthèse systématique publiée en octobre 201026. En effet, quelques essais sur le trouble obsessif compulsif et sur la dépression accompagnée d'anxiété ont donné des résultats contradictoires.

 

Troubles psychosomatiques. 

Les troubles psychosomatiques sont des problèmes psychologiques qui nuisent à la guérison d’une maladie ou qui augmentent son risque d’évolution défavorable. Par exemple, une situation de stress ou des symptômes dépressifs peuvent entraver la guérison d’une maladie cardiaque ou la convalescence à la suite d’une opération chirurgicale. Deux études effectuées en Allemagne ont exploré l’effet du millepertuis sur 324 patients souffrant de troubles psychosomatiques. À raison de 300 mg 2 fois par jour pendant 6 semaines, l’extrait de millepertuis LI 160 a été plus efficace qu’un placebo pour soulager les symptômes des participants ou pour réduire leur aggravation16,17. La méthodologie de ces essais a cependant été critiquée : durée trop courte de la prise de traitement, examen insuffisant des effets indésirables et interactions médicamenteuses de l’extrait de millepertuis. Ce dernier point est important car les patients souffrant de troubles psychosomatiques prennent généralement plusieurs médicaments18.

 

Ménopause.

Comme la ménopause peut s’accompagner de dépression, des chercheurs ont vérifié l’efficacité du millepertuis. Les résultats sont prometteurs, mais comme les études sont hétérogènes (sujets et objectifs différents, notamment), ce qui rend difficile de tirer une conclusion sur l’efficacité du millepertuis. Un premier essai (1999) à double insu avec placebo auprès de 111 femmes allemandes a été concluant au chapitre de la réduction des symptômes anxieux et dépressifs, mais aussi physiologiques (bouffées de chaleurs, par exemple)19. Au cours d’une étude menée au Québec, un extrait de millepertuis (900 mg/jour pendant 3 mois a amélioré la qualité de vie des femmes traitées en réduisant leur insomnie20. Un essai de 8 semaines mené auprès de 100 femmes iraniennes a été publié en 2010. Par rapport au groupe placebo, le groupe traité a vu la fréquence et la durée des bouffées de chaleur réduite respectivement à partir de la 4e et de la 8e semaine21. Au cours des essais menés au Québec et en Iran, les effets bénéfiques du millepertuis se sont surtout fait sentir après 2 mois de traitement : ils se sont notamment traduits par une diminution de 50 % de la fréquence et de la durée des bouffées de chaleur par rapport au début du traitement. Comme cela arrive souvent dans ce genre d’étude, l’effet placebo s’est manifesté, puisqu’on a également observé une diminution notable des bouffées de chaleur dans les groupes placebo. Le millepertuis en tandem avec d’autres plantes utilisées pour la ménopause. Des chercheurs ont testé des préparations combinant l’actée à grappes noires avec le millepertuis. Au cours de 2 études à double insu avec placebo menées en Corée22 et en Allemagne23, ce type de préparation a été plus efficace qu’un placebo pour soulager les symptômes physiques et psychologiques des participantes. 

Par ailleurs, au cours d’une étude d’observation menée en Allemagne sur 6 141 femmes, une combinaison d’actée et de millepertuis a été plus efficace que l’actée seule pour améliorer l’humeur des participantes, tout en réduisant leurs bouffées de chaleur24. Des chercheurs ont aussi combiné le millepertuis et le gattilier au cours d’un essai auprès de 93 femmes périménopausées ou ménopausées. Ce traitement n’a pas été plus efficace qu’un placebo pour réduire les symptômes des participantes25. L'ESCOP et la Commission E reconnaissent l'usage du millepertuis pour le traitement des troubles psychosomatiques, des états dépressifs, de l'anxiété et de l'agitation nerveuse.  L’OMS reconnaît la plante pour le traitement de la dépression légère à modérée. La Commission E reconnaît également l'efficacité de l'huile de millepertuis pour traiter les troubles digestifs (dyspepsie).  En application externe, elle en reconnaît l'efficacité pour soigner les contusions, les douleurs musculaires et les brûlures au premier degré.  Ces usages traditionnels n’ont cependant pas été confirmés par des données scientifiques (voir notre fiche Millepertuis dans la section Herbier médicinal).

 

Précautions : Passer d'un antidépresseur de synthèse au millepertuis

Le millepertuis interagit de manière potentiellement dangereuse avec les antidépresseurs de synthèse et l'organisme peut mettre un certain temps à les éliminer. On recommande donc de ménager un certain intervalle de temps entre l'interruption d'un traitement à un antidépresseur de synthèse et le début d'un traitement au millepertuis. Votre médecin devrait pouvoir vous dire en combien de temps votre organisme aura éliminé le médicament de synthèse.

Cesser un traitement au millepertuis : Il est souvent suggéré de diminuer graduellement les dosages de millepertuis durant 1 à 2 semaines lorsque l'on veut interrompre un traitement, afin d'éviter un potentiel syndrome de sevrage.

Fromage, vin rouge et décongestifs : On a cru un temps que le millepertuis faisait partie de la famille des inhibiteurs de la monoamine-oxydase (IMAO), ce qui menait à conseiller d'éviter la consommation simultanée de fromage et de vin rouge, ainsi que l'utilisation de décongestifs en même temps que la plante. Cette hypothèse est aujourd'hui infirmée et ces mises en garde ne tiennent plus. Les IMAO sont des antidépresseurs de deuxième génération, dont l'usage peut faire augmenter la tension artérielle lorsqu'on les combine à la tyramine, une substance présente, entre autres, dans le vin rouge et le fromage.

Contre-indications : On a signalé le cas d'un patient atteint de la maladie d’Alzheimer chez qui le millepertuis aurait provoqué une crise psychotique. On a relevé 2 autres cas semblables chez des schizophrènes en rémission. Par ailleurs, comme c'est le cas pour les antidépresseurs en général, le millepertuis pourrait provoquer des périodes hypomaniaques chez les personnes atteintes de troubles bipolaires. L'innocuité du millepertuis chez les femmes enceintes n’est pas établie hors de tout doute33. Chez celles qui allaitent, selon un suivi de 1 an auprès de 33 femmes, il semble sécuritaire34. Les patients ayant des idées suicidaires doivent éviter de prendre du millepertuis. Eviter de prendre du millepertuis avant une opération (risque de réduire les effets de l’anesthésiant).

Effets indésirables :  Les effets indésirables liés à la prise de millepertuis sont rares et généralement bénins : légers troubles digestifs, allergies cutanées, fatigue, nervosité, maux de tête et sécheresse buccale. On a fait grand cas de l'action photosensibilisante de la plante après que des vaches et des moutons qui broutaient dans des champs de millepertuis avaient développé une sensibilité excessive aux rayons solaires35.  Cependant, 3 essais cliniques ont confirmé que l'effet photosensibilisant du millepertuis est inexistant aux doses normalement consommées36-38. Les personnes qui ont le teint pâle ou une peau particulièrement sensible aux rayons solaires doivent s’assurer ne pas excéder les doses normales de millepertuis. Il est préférable que les personnes qui reçoivent des traitements aux rayons ultraviolets ne prennent pas de millepertuis.

Interactions : Le millepertuis interagit avec beaucoup de médicaments39. Les données actuelles indiquent que c’est l’hyperforine qu’il contient qui cause ces interactions40-45.

 

Avec des plantes ou des suppléments

Aucune connue. Avec des médicaments. Antidépresseurs. Qu'ils soient de la famille des inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS), comme le Prozac®, de celle des inhibiteurs de la monoamine-oxydase (IMAO), comme la phénelzine, ou encore de celle des tricycliques, comme l'imipramine, les antidépresseurs de synthèse peuvent avoir des interactions dangereuses avec le millepertuis (augmentation du taux de sérotonine, par exemple).

Le millepertuis peut aussi interagir avec le tramadol (antidouleur) et le sumatriptan (antimigraineux) de la même façon qu'avec les antidépresseurs. Le millepertuis interagit avec de nombreux médicaments. Par exemple, il diminue l'efficacité des médicaments suivants :

• ivabradine (utilisé dans le traitement de l’angor stable, un trouble cardiaque);

• inhibiteur de protéase (sida);

• inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (sida);

• cyclosporine (inhibiteur immunitaire);

• digoxine (maladies cardiaques);

• statine (anticholestérol, par exemple atorvastatine and pravastatine);

• warfarine (anticoagulant);

• agents de chimiothérapie (par exemple, imatinib, irinotécan);

• anovulants;

• antipsychotiques;

• théophylline (asthme).

• anti-inflammatoires (par exemple ibuprofène et fexofénadine).

• Antidiabétiques

• Médicaments métabolisés avec des enzymes du cytochrome P450 (enzymes du foie).

 

Sur les tablettes

De multiples suppléments de millepertuis sont présents sur les tablettes. Jean-Yves Dionne, pharmacien, donne le conseil suivant pour choisir un produit efficace. « Je recommande de choisir soit un supplément traditionnel non standardisé sous forme de teinture, tisane ou capsule, soit un extrait standardisé en hypéricine ET en hyperforine. Un produit traditionnel fabriqué avec l’ensemble de la plante contient tous les ingrédients actifs nécessaires. Du côté des extraits standardisés, ceux qui affichent uniquement leur pourcentage d’hypéricine sont généralement des produits de piètre qualité. Les extraits affichant leur pourcentage d’hypéricine et d’hyperforine sont de qualité supérieure. »

 

http://www.passeportsante.net/fr/Solutions/PlantesSupplements/Fiche.aspx?doc=millepertuis_ps#P55_4378

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