VACCINATION (suite la cours des comptes) l'extension de l'obligation vaccinale.
Vaccination : la Cour des Comptes incite le gouvernement à aller plus loin Aurélie Haroche Paris, le jeudi 8 février 2018 - Les rapports annuels de la Cour des Comptes se suivent et bien souvent se ressemblent.
Ainsi, cinq ans après avoir passé en revue et fortement critiqué les manquements de la politique vaccinale en France, les magistrats de la rue Cambon se sont de nouveau largement consacrés à ce sujet dans le cadre des travaux généraux qu'ils ont rendu publics hier. Or, alors que les cinq années qui viennent de s'écouler ont été marquées par des engagements significatifs des pouvoirs publics en la matière, différentes recommandations de la Cour des Comptes, exactement semblables à celles formulées en 2013, pourraient laisser croire que l'immobilisme a triomphé. 
Ainsi, comme il y a cinq ans, les magistrats invitent à généraliser le carnet de vaccination électronique un outil essentiel aux yeux des sages pour disposer d'une meilleure connaissance des taux de couverture vaccinale. 
Cet outil est également une réponse à la complexité croissante du calendrier vaccinal, passé de 4 pages en 2002 à 64 pages en 2017 ; une progression qui ne peut elle aussi que favoriser les hésitations.
Une clarification nécessaire mais insuffisante
 
Autre répétition, la Cour des Comptes signale une nouvelle fois combien la coexistence de vaccinations recommandées et obligatoires est un facteur de confusion, pouvant favoriser les doutes et les mécanismes de rejet. 
Cependant, la rue Cambon ne peut ignorer la mesure simple et forte qui vient d'être adoptée par le gouvernement pour mettre fin en grande partie à cette ambivalence : l'extension de l'obligation vaccinale. 
 
Pour la Cour des Comptes, il s'agit d'une « clarification attendue et nécessaire pour améliorer les couvertures vaccinales des jeunes enfants ». 
Cependant, elle considère qu'elle ne peut suffire pour répondre à la crise de confiance largement constatée, y compris chez les professionnels de santé eux-mêmes. 
Pour ce faire, des mesures complémentaires sont préconisées.
- Obliger les professionnels à se vacciner pour montrer l'exemple ? 
Outre le dada de la Cour des Comptes qu'est le calendrier vaccinal électronique, les sages estiment indispensable de davantage impliquer les professionnels de santé. 
A cet égard, ils déplorent les « résultats très décevants » de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) en matière de vaccination. 
Deux indicateurs sont concernés : 
- la part de patients de 65 ans et plus et 
- la part de patients adultes atteints d'une ALD vaccinés contre la grippe. 
Les objectifs cibles pour ces deux items étaient respectivement de 75 et 52,7 %. 
Or, seuls 0,9 % des médecins ont atteint le premier objectif et 0,2 % le second : un échec certain aux yeux de la Cour des Comptes. 
Ces données obligent à revoir les mécanismes mis en place pour inciter les professionnels à davantage s'impliquer dans la vaccination de leurs patients. 
Et en la matière, les magistrats estiment qu'ils ne seraient pas inutiles de faire jouer le rôle d'exemple des praticiens : ils suggèrent au gouvernement de revenir sur la suspension de l'obligation de la vaccination des professionnels contre la grippe. 
Cette idée cependant ne séduit pas pour le moment le ministère de la Santé, qui dans sa réponse indique pour l'heure préférer convaincre que contraindre.
Cas d'école Autre levier important à faire jouer selon le rapport : l'éducation nationale. 
La rue Cambon donne en exemple la Grande-Bretagne où «  le rôle de l'école est déterminant. Il constitue le fondement des bons résultats britanniques (…). Surtout, l'école permet de combattre efficacement les inégalités sociales et territoriales de santé ». 
Aussi, la Cour des Comptes considère-t-elle qu'une «  stratégie vaccinale renouvelée impose une approche interministérielle forte qui doit avoir pour priorité de redonner à l'école un rôle actif dans l'amélioration des taux de couverture et dans la prévention de l'hésitation vaccinale ».
 
La HAS ne veut pas être envoyée seule au front  (Haute autorité de Santé) 
 
Enfin, c'est sur le terrain de la communication que les armes doivent être aiguisées durablement. 
Le constat, en la matière, est sévère. 
« Malgré l'ambition exprimée par le pouvoirs publics depuis 2012, la mise en œuvre d'une stratégie d'information et de communication à hauteur des enjeux de santé publique est restée à ce jour partielle et imparfaite. 
La communication est restée principale institutionnelle et articulée autour de la Semaine européenne pour la vaccination » remarque la Cour des Comptes. 
Or, c'est plus certainement sur les réseaux sociaux que la bataille doit être menée insiste le rapport, tant ils sont devenus les principaux vecteurs de théories controversées sur l'efficacité et l'utilité vaccinales. 
La Cour des Comptes engage le gouvernement à davantage analyser les mouvements présents sur internet : 
« de nouveaux outils numériques permettent d'analyser la dynamique des échanges qui circulent sur ces plateformes et ainsi d'identifier, d'évaluer et de suivre, à la fois qualitativement et quantitativement, les attitudes et comportements de santé, les paramètres qui les affectent et les zones géographiques impliquées »
rappelle la rue Cambon. Pour elle, 
« assurer la présence réactive sur les réseaux sociaux d'une information indépendante et scientifique sur la vaccination » pourrait être le rôle de la Haute autorité de Santé.
 
Soulignant qu'elle est déjà fortement présente sur les différents réseaux, la HAS considère pour sa part qu'elle 
« ne saurait, à elle seule, incarner l'expertise et rétablir la confiance : dans le débat public, toute expertise demeure sujet à discussion » 
fait-elle remarquer, confirmant qu'il n'existe pas de traitement simple face à des symptômes souvent complexes.
 
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