Cancer : le microbiote est important
« Cancer : le microbiote est important pour l'efficacité de l'immunothérapie » Damien Mascret rapporte que « deux études, française et américaine, [publiées simultanément dans la revue internationale Science le 2 novembre] ont découvert l’importance de certaines bactéries ». « Ces dernières années, deux nouveaux champs de la recherche en santé se sont développés à une vitesse étonnante : l’immunothérapie des cancers et le microbiote intestinal (autrefois appelé « flore intestinale »). Ils viennent de se croiser de façon tout aussi surprenante », observe le journaliste.
« Habituellement l’organisme freine en permanence le système immunitaire, via ce que les biologistes cellulaires appellent des « checkpoints », pour éviter qu’il ne s’emballe pas trop. Or, dans le cas d’une prolifération de cellules cancéreuses, on s’efforce de lâcher la bride aux défenses immunitaires, en bloquant ces checkpoints. Dans l’immunothérapie, c’est ce que font très efficacement des anticorps ciblant en particulier deux protéines : CTL-4 et PD-1/PDL1. Les travaux publiés dans Science visent cette dernière cible », explique l’article.
Malheureusement, « environ 30% à 60% des patients seraient (…résistants au traitement (inefficacité de celui-ci) », indique le journaliste. « Nos travaux expliquent en partie pourquoi certains patients ne répondent pas », écrivent le Dr Bertrand Routy, à l’origine de la publication, et sa consœur, le Pr Laurence Zitvogel, qui dirige le laboratoire Immunologie des tumeurs et immunothérapie (Inserm/université Paris-Sud/Gustave-Roussy). « Et l’explication se trouverait dans le tube digestif, ou plus exactement dans le microbiote », résume l’article.
Le journal précise que « les chercheurs français, qui ont également travaillé avec l’Inra, l’AP-HP et l’IHU Méditerranée Infection, se sont d’abord aperçus d’un fait troublant à partir de l’analyse de 249 patients traités pour un cancer avancé du poumon, du rein ou de la vessie » : « La prise d’antibiotiques a un impact négatif sur la survie des malades sous immunothérapie. En créant un déséquilibre au niveau du microbiote intestinal, la prise d’antibiotique deux mois avant et jusqu’à un mois après le début du traitement a un impact sur la survie sans progression de la maladie et la survie globale des patients dans ces trois types de cancer », révèlent les chercheurs. 
Ainsi, « dans cette étude, 28% des patients avaient pris des antibiotiques (c’est le cas d’environ 20% des malades du cancer), à cause d’une infection dentaire, urinaire ou pulmonaire. Et les modifications du microbiote induites par les antibiotiques auraient obéré les chances de bonne réponse au traitement anticancéreux ! », rapporte Le Figaro.
« Mais la découverte ne s’arrête pas là. À l’Inra (MétaGénoPolis), le Dr Emmanuelle Le Chatelier a étudié précisément, par métagénomique, le microbiote intestinal de 153 patients atteints de cancer du poumon ou du rein, avant et après immunothérapie », indique l’article. « Une souche a émergé comme ayant un rôle particulièrement bénéfique » : « Une composition favorable, enrichie en Akkermansia muciniphila, a été identifiée chez les patients répondant le mieux à l’immunothérapie et chez ceux dont la maladie était stabilisée pendant au moins trois mois », expliquent les chercheurs français.
« Dans l’étude américaine, sous la houlette de l’Anderson Cancer Center de Houston (Texas), les chercheurs, menés par le Dr Jennifer Wargo, étudiaient les mêmes mécanismes mais pour 112 patients atteints de mélanomes (cancer de la peau). C’est une autre famille de bactéries, au nom tout aussi barbare, Ruminococcaceae, qui est apparue en abondance dans les fèces des patients répondant le mieux au traitement », signale le journal.
« Au Texas, comme en France, les deux équipes ont ensuite mené des expériences chez des souris résistantes à l’im­munothérapie. En « recolonisant » le ­microbiote de celles-ci avec les « bonnes souches bactériennes » issues du ­microbiote de souris sensibles au traitement, ils ont aussitôt restauré la sensibilité à l’immunothérapie (au même niveau que celle du groupe de souris contrôle) », affirme Le Figaro.
« Ainsi, même si l’on ne peut pas se passer des antibiotiques et de leurs conséquences intestinales gênantes, il est peut-être concevable d’envisager un jour des transplantations fécales pour corriger les microbiotes de ceux qui doivent recevoir une immunothérapie en plus de l’antibiothérapie », conclut-il.
Date de publication : 7 Novembre 2017
 
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